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TECHNO STRAIGHT-EDGE

Le SxE comme expression écologique positive !

 

Au milieu des années 80, « sous-culture » du punk, le straight-edge,  est une proposition pour fédérer un public punk de l’époque autour de valeurs saines. Ainsi la pratique du straight-edge implique de ne pas consommer de drogues, tabac, alcool et de ne pas consommer de partenaires sexuels comme des marchandises. Au cours des années 1990, une partie de ce mouvement opte également pour un mode de vie vegan.

Par le refus des drogues, nous cherchons un rapport sain et positif a la fête et à nos vies (comme expression particulière  de la matière en générale). Dans cette démarche nous lions cette pratique à l’écologie radicale en tant que refus de l’anthropocentrisme. L’humanité étant une partie de l’écosystème général, la consommation de drogues nous amène à nous malmener, à nous détruire alors que la Nature est en permanence agressée. Nous voulons préserver nos vies, non pas pour être « plus fortEs », mais parce que nous savons qu’il faut nous confronter réellement à un système mortifère, qui détruit tout sur son passage.

Pour nous, le straight-edgisme, c’est respecter son corps en tant qu’expression de la matière vivante. Par conséquent, nous respectons aussi la nature et les autres êtres vivants comme autres formes particulières de la matière. Si l’on refuse la domination animale et reconnaissons le veganisme, nous interrogeons et analysons les rapports sociaux de domination à l’intérieur même de l’espèce humaine afin d’aller vers le dépassement de ces dominations. Pour finir, l’étude de la société et de l’interaction humaine avec la nature mène invariablement à la critique du mode de production capitaliste qui s’approprie violemment la nature, se nourrit et perpétue systématiquement des oppressions pour se reproduire.

Le straight-edge n’est pas un « choix personnel » !

 

Certaines personnes choisissent de faire du straight-edgisme un « choix personnel ». Ce choix reflète la tendance actuelle à faire de tout une démarche individuelle. La société est dans une ère individualiste et relativiste où chaque personne est le manager de sa propre vie sociale, économique, affective. À notre époque de crise générale, les individus sont culturellement atomisés et soumis au relativisme en permanence. Tout est une question de choix personnels avec l’idée qu’ « après moi, le déluge » : « vie ta vie », « on verra bien », etc. (comme en témoigne le clip du célèbre rappeur Nekfeu).

L’écocide perpétué par le capitalisme doit être compris en termes généraux : la matière vivante est malmenée, mutilée, détruite en permanence ; menaçant à long terme la soutenabilité du rapport entre l’homme et la nature. Des personnes qui s’auto-détruisent dans les drogues car prisonnières de l’enfer capitaliste à la disparition des orangs-outans en Indonésie, il y a continuité écocidaire. Le capitalisme dégrade tout équilibre naturel, allant de la destruction des zones humides aux suicides et aux dépressions chez les êtres humains

En dernière recours, affirmer que « l’être humain » est foncièrement destructeur de la Nature, qu’il est foncièrement « mauvais » est totalement erroné. L’écocide est le résultat de l’aliénation générale des êtres vivants humains dans le mode de production capitaliste.

En ce sens, le straight-edge ne peut pas se concevoir comme un « choix personnel » mais doit être compris comme tout à la fois un reflet et une opposition positive à la dégradation de la matière. Le straight-edge, en tant que pratique politique, doit ainsi nécessairement être une démarche individuelle comprise comme une posture particulière dans la confrontation générale aux structures capitalistes.

Les teufs et l’autonomie anticapitaliste

 

Si dans les années 80 le punk était une scène alternative qui avait un rayonnement politique subversif important, il a été peu à peu vidé de son sens.

Le mouvement techno, né à peu près à la même époque, n’a jamais eu le même rapport à la politique puisqu’il est plutôt le reflet dans la musique populaire des transformations du monde industriel. Il s’est aussi fait happé par le capitalisme. Pour autant il garde une manifestation « underground » à travers la free party.  

La free party, comme les boîtes de nuit et les festivals légaux sont connus du grand public pour troubler le voisinage et pour être des lieux de trafic et de consommation de drogues.

Dans l’illégalité, la rave revendique encore la fête libre dans les campagnes ou les zones industrielles. Malgré la prégnance du refus de la politique – « We have no politics, we have no religion », influence du « ni-Dieu ni-Maître » anarchiste, sans doute – qui peut verser dans l’irrationnel, les free parties, dans l
a subversion festive de la propriété privée, sont des moments de d’autonomie face au capitalisme.  

Comme elles ont généralement lieu en extérieur, dans les espaces reculés, loin de toutes habitations, un lien avec la nature se développe. Ainsi le cadre va souvent influencer la manière de faire la fête et l’ambiance générale. La prise de drogue est également différente selon les zones géographiques, ainsi les teufs en Alsace, en Ardèche ou dans la garrigue méditerranéenne n’auront rien à voir. L’influence du cadre écologique et du contexte social renforcent l’idée que la free party est un lieu de contradictions inhérentes à la société et doit être également le lieu d’échanges de valeurs positives face au pourrissement de celle-ci.  

 On ne peut pas s’émanciper en fuyant le réel !

 

C’est ici que le rôle des drogues, de l’alcool aux opiacés en passant par les amphétamines, est déterminant. En effet, la présence des drogues dans le monde de la techno, et particulièrement dans les free, peut être vu comme un outil de neutralisation du potentiel subversif de ces zones autonomes. L’objectif d’aller en teuf se suffit à lui-même puisque plus rien ne compte que les basses et la sensation de bien-être ressentie. On cherche aussi à interagir de manière positive avec tout le monde. Ainsi les discussions peuvent aller sur le terrain d’une critique de la société: ce sont des contingences qui existent mais sont de plus en plus réduites, avec la dominance du relativisme et du fatalisme. La passivité politique permet à la bourgeoisie de maintenir son hégémonie et la drogue en est un de ces aspects terriblement concrets dans nos vies.

Toute personne qui va en teuf souhaite avant tout fuir l’enfer de son quotidien, retrouver un peu d’harmonie avec le monde et ne pas se retrouver aliénée dans les circuits de divertissement capitaliste. C’est là l’aspect clairement positif de la teuf : aliéné au quotidien, la teuf se veut être au maximum un espace d’épanouissement réel, un moment d’autonomie concrète alliant joie, bonne humeur et partage culturel. C’est là l’aspect clairement politique de la teuf. Mais l’aliénation revient au galop avec l’apologie des drogues, sabotant les mécanismes positifs du départ. En cherchant à s’émanciper de l’enfer et de l’ennui de la société capitaliste, nous nous abandonnons dans une démarche négative de fuite en avant par les drogues. Comment peut-on vouloir aller en teuf pour se libérer et, du même mouvement, annihiler cette liberté en s’évadant dans les drogues ? 

En cela réside la contradiction interne au mouvement teuf : tout en contestant l’ordre capitaliste, en refusant la culture comme marchandise, il s’isole dans les drogues.  Tout en défendant brièvement mais radicalement son autonomie lors de confrontations avec les appareils d’état, il manque de s’investir dans une lutte culturelle prolongée. Il fuit les problématiques de l’époque à laquelle il oppose pourtant des solutions temporaires qui mériteraient d’être assumées en pleine conscience.

Moment de confrontation

Moment de confrontation avec l’Etat à la « Da Tekno Sombrero » avec saisie des Tourista Debandade/Revolt 99/KO37 Unit. (Ancienne usine Arcelor (30) 24/04/2015).

Dans les teufs, il y a donc la conjugaison contradictoire d’éléments d’autonomie, d’expression positive et d’éléments réactionnaires, conservateurs. Comment peut-on vouloir échapper aux boites de nuit stupides et aux soirées violentes et en même temps reproduire un des aspects culturels les plus néfastes de cette même société ? Aller en teuf, c’est apprécier les rythmes, les sonorités de la musique, c’est accepter la dignité et l’harmonie que l’on ressent dans l’écoute musicale. Si certaines drogues sont là pour « tenir » la nuit, pourquoi chercher à fuir ? La musique, l’ambiance, l’autonomie, le sentiment d’être maître de soi et de s’émanciper se suffisent à eux-même !

Sous l’influence des drogues, le corps est à nouveau la proie des maux qui minent notre société. Sous l’emprise de drogue, nous nions que notre corps est le prolongement de la nature et mérite d’être respecté. La démarche straight edge, combinée à la défense de valeurs progressistes et opposée au culte social-darwiniste de la longévité personnelle, replace nos vies dans une perspective d’harmonie et de fusion avec autrui et la Nature.  

La seule chose qui compte à nos yeux c’est la recherche d’autonomie populaire sans auto-destruction !